Le couvent des damnés

En juin 2018 sortira le sixième et dernier tome de la série Le Couvent des damnés, première œuvre du dessinateur et mangaka Minoru Takeyoshi. Le premier tome paraît en 2015 au Japon après avoir été pré-publié dans le magazine Gekkan!Spirits. En France, il sort en janvier 2017 aux éditions Glénat.

Résumé : Dans ce seinen, on suit Ella, au XVIème siècle, à l’époque où, dans le Saint-Empire romain, l’Inquisition condamne à tour de bras de nombreux innocents au bûcher. Elle naît dans une famille nombreuse, assez pauvre, et ses parents finissent par la vendre. Elle est alors recueillie par Angelika auprès de qui elle grandira. Angelika est une « sage-femme » qui connaît l’utilisation des plantes médicinales et c’est d’ailleurs ses connaissances en herboristerie qui lui vaudront d’être accusée, torturée puis exécutée sur la place publique pour sorcellerie, devant les yeux d’Ella. Celle-ci, envoyée dans un couvent pour filles de sorcières, n’a alors plus qu’une idée en tête : se venger et tuer Mère Edelgard, la femme à la tête de l’Ordre qui a condamné Angelika.

Avis personnel :

Lorsqu’on lit le premier tome du Couvent des damnés, on comprend rapidement pourquoi il a tant été encensé par Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist) et Makoto Yukimura (Vinland Saga). Pour commencer, j’ai été attirée par les graphismes qui sont assez différents de ce que l’on peut voir d’habitude et plutôt réussis pour un premier manga. Les expressions sont saisissantes et les illustrations architecturales sont magnifiques. Je trouve aussi que ce type de trait s’accorde assez bien à la période évoquée : fin du Moyen-Age, début de la Renaissance.

Et justement, ces thèmes de la Renaissance, de l’Inquisition, de l’Église catholique sont très peu représentés dans les manga, ce qui rend celui-ci particulièrement intéressant et rafraîchissant. L’histoire, assez sombre est vraiment prenante. Avec de bonnes intrigues aux nombreux rebondissements, ce manga nous fait passer de l’espoir à la désillusion en quelques pages. On peut trouver quelques scènes assez explicites ou violentes, notamment de tortures , mais à aucun moment on ne tombe dans le gore. Toutes ces scènes sont justifiées et terriblement réalistes (ce manga est un seinen, il est donc plutôt réservé aux jeunes entre 15 et 30 ans).

De plus, le manga soulève quelques questions d’éthiques très intéressantes sur les agissements de l’Église à l’époque, d’autres sur la notion d’auto-justice. : peut-on laisser les gens dans l’ignorance, même si c’est pour leur bien ? Une seule institution peut-elle s’accaparer la totalité des connaissances dans le seul but de faire régner la paix ? Peut-on, sous le prétexte de la vengeance, tuer, voler, trahir ?

L’héroïne, quant à elle est forte, courageuse et n’a pas peur de se salir les mains pour arriver à ses fins. Elle se sert de son intelligence, de son sang-froid, n’est pas prétentieuse et est bien loin des modèles « girly » qu’on peut nous servir dans les shojo. Son regard, sa rage et sa soif de vengeance grandissante nous fascinent. Les autres personnages, dans l’ensemble, ont eux aussi un caractère bien trempé. Cela fait plaisir de trouver de telles personnalités, sachant qu’en général, on nous sert un peu toujours la même « soupe » dans les manga.

En bref, Le Couvent des damnés est un manga original, intéressant et très bien réalisé. Bravo à l’auteur pour sa première œuvre qui est assurément très réussie. C’est un ouvrage que je recommande fortement et qui, je pense, est largement sous-côté.

Marie Cazenave-Tapie

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