De la bienveillance

Pandémies, terrorisme, réchauffement climatique, intolérance, extinctions de masse, génocides… Notre monde est plein d’aléas plus charmants les uns que les autres.

Nous vivons dans une accumulation de catastrophes amplifiée chaque jour par les médias immiscés toujours plus intimement dans notre quotidien. Il est alors facile d’être submergé par le poids du monde qui s’ajoute lui- même à nos difficultés personnelles. Persuadé que la fin est inévitable et tragique, en pleine crise d’écoanxiété, on en arrive parfois à se demander s’il faut garder espoir, si l’on peut même être heureux dans un tel contexte.

Et en effet, le bilan n’est pas beau à voir : selon certains scientifiques, la terre sera inhabitable avant la fin du siècle, les ressources ne cessent de s’amenuiser quand le nombre de pauvres et de milliardaires augmente continuellement, on vit de plus en plus vieux et de plus en plus dans l’instantanéité et l’éphémère, et dans la société moderne, on reçoit huit marques d’attention négative par jour pour deux positives, soit environ 25 000 heures d’attention négative reçue à 20 ans. Les temps sont durs pour vivre sans psychologue.

Mais oui, je maintiens qu’il faut avoir de l’espoir. Car si le monde est triste et violent, peut-être ne sommes nous pas forcés de l’être. Prenez le dernier confinement, où, acculés devant le vide infini de l’ennui et l’angoisse environnante d’un monde qui nous semblait plongé dans le chaos, nous avons dû pour beaucoup faire face à notre psyché. De nombreuses personnes se sont retrouvées seules avec leurs peurs et leur souffrance. Et au même moment, on a assisté à une augmentation forte du public des applications de méditation, de respiration contrôlée, de yoga ou enseignant un art. Seule face à elle-même, l’humanité essaie de se soigner.

Ainsi, si on réfléchit à l’application de cette bienveillance auto-administrée à l’ensemble de la société, n’obtient-on pas le monde meilleur que l’on attend pour être heureux ?

Alors, face à la cruauté du monde et la peur, je choisis de changer individuellement, pour une évolution bienveillante de la société. Je choisis l’action, même imparfaite, à la procrastination. Je choisis d’entretenir mes relations avec les autres et d’aider. Je choisis d’être responsable de mes émotions, de m’écouter. Je choisis de faire à la mort comme à la souffrance une place dans ma vie. Je choisis de vivre et d’agir dans le présent. Jacques Prévert le disait : « Il faut essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple».

Et à ceux qui me diront avec mépris que mon optimisme leur rappelle un ours en peluche de leur enfance amateur de bisous, je réponds que la bienveillance est la manière la plus efficace de faire évoluer une société, en y créant une sécurité psychologique qui pousse ses membres à oser prendre des risques pour l’améliorer. C’est en changeant nos perspectives et nos relations avec autrui et nous-mêmes que nous pouvons nous faire heureux et aviver l’espoir. Le monde n’a pas besoin de quelques personnes qui font les choses ‘‘parfaitement’’, mais de beaucoup qui essaient d’en faire.

Je vous dis aujourd’hui soyez bienveillants. Je vous dis écoutez vos émotions. Je vous dis que plus la nuit est sombre, plus vous pouvez briller.

Clémence Deutsch

À propos de Clémence Deutsch

Rédactrice en chef de ThéoNet, j'aime écrire sur la culture, l'environnement, l'actualité, interagir avec nos lecteurs sur les réseaux sociaux et illustrer mes idées !

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