Voyager dans l’espace, une idée impossible il y a un siècle, un rêve incroyable depuis 50 ans et un endroit atteignable depuis quelques années, à condition qu’on y mette le prix.
En effet, depuis le développement de nouvelles navettes et modules spatiaux, la société de l’américain Elon Musk, SpaceX, a commencé la mise en place de voyages spatiaux destinés à accueillir, non plus des scientifiques et des astronautes formés et envoyés en missions, mais bien des civils. Dorénavant, il est possible à chacun d’entre nous de pouvoir aller dans l’espace sans passer les très nombreux concours, temps de formations, entraînements et tests infligés aux astronautes comme notre Thomas Pesquet national.
Mais cela n’est possible que si vous avez plusieurs millions en poche car oui le prix pour un siège dans un vaisseau spatial n’est pas encore réellement accessible. Cependant, notons qu’ il en fut de même pour l’avion qui est pourtant aujourd’hui un moyen de transport commun. En attendant, certains passionnés de l’espace peuvent déjà toucher les étoiles grâce aux missions spatiales touristiques qui sont depuis quelques années mises en place notamment par la société Space X.
C’est de l’une d’entre elles dont nous allons vous parler pour son caractère exceptionnel puisqu’elle accueillera neuf passagers pour un vol habité dans l’espace avec un survol de la Lune à bord du vaisseau Starship.
Cette mission nommée Dear Moon Project est organisée par le milliardaire japonais Yusaku Maezawa, qui était déjà parti dans les étoiles le 8 décembre 2021 à bord du vaisseau russe Soyuz MS-20 avec son assistant Yozo Hirano.
Il a décidé de repartir dans l’espace cette fois en emmenant avec lui huit célébrités du monde artistique au rayonnement mondial et originaires du monde entier à qui il paiera le voyage. Ces artistes devront créer une œuvre à leur retour sur Terre.
Le DJ Steve Aoki, le youtubeur Tim Dodd et le réalisateur de documentaires Brendan Hall, tous trois américains, la chorégraphe tchèque Yémi A.D, la photographe irlandaise Rhiannon Adam, le photographe anglais Karim Iliya, l’acteur indien Dev Joshi et le chanteur coréen TOP (de son vrai nom Choi Seung-Hyun) feront partie de ce voyage. Yasaku Maezawa a également prévu deux remplaçantes avec la snowboardeuse américaine Kaitlyn Farrington et la danseuse japonaise Miyu.
Ce voyage devrait avoir lieu cette année, le temps quand même pour les participants de subir quelques tests obligatoires et un entraînement spécialisé : une formation qui devrait durer environ six mois pour permettre à ces voyageurs spatiaux de rester le plus possible en sécurité une fois là-haut.
Pour Yusaku Maezawa, ce voyage, loin d’être seulement une virée, a pour but de favoriser l’innovation artistique et de transmettre un message de paix ainsi que d’universalité.
Mais ces voyages ne sont-ils pas sujets à polémique ?
La question des voyages spatiaux a un unique but touristique, est pourtant encore effectivement très controversée. Ces voyages coûtent excessivement cher autant en argent investi et temps de recherches qu’en ressources rares. Ils polluent et donc ont des conséquences environnementales importantes voir catastrophiques s’ils se démocratisent. Le tourisme spatial semble en effet accumuler beaucoup d’inconvénients, notamment car les voyages ne profitent qu’à quelques privilégiés qui, pour leur divertissement, accentuent la pollution. Selon le Collectif Passerelle un simple vol vers l’ISS rejette 1150 tonnes de CO2 soit, pour chaque passager l’équivalent à ce qu’un humain ordinaire peut émettre pendant 144 ans s’ il veut rester dans les clous de l’accord de Paris. Pourtant ils représentent un avenir quasiment sûr dans le secteur touristique même si de nombreuses personnes souhaitent que l’espace reste un lieu réservé aux scientifiques. De plus, l’argent dépensé pour ce voyage rentre dans les caisses de l’entreprise privée qui l’organise, ici de Spacex, et ne servent pas forcément à l’innovation scientifique commune. Un des seuls points positifs soulevé par le tourisme spatial semble être la création massive de nouveaux emplois, mais ceux-ci ne seront créés que par un accès plus ouvert et plus facile à l’espace. Ce qui n’est pas encore le cas.
Les voyages spatiaux touristiques comme celui de ce milliardaire japonais semblent dépasser le simple plaisir artistique et ouvrent de nouvelles portes sur notre réflexion de l’avenir humain dans l’espace.
Zoé Bergère & Eloïse Lance